Sa voix, rapide sur les premiers mots de chaque vers, termine en traînant, comme sur une plainte. Enfin, il s’arrête sur un long cri triste, repris aussitôt par la rh’aïta criarde, qui sanglote et fait rage, éperdue, comme en désespoir…et c’est de nouveau le bruissement d’eau sur les cailloux ou de brise dans les roseaux

Etienne Dinet

des djouak et des gasba qui reprend, quand se tait la rh’aïta aux accents sauvages…. puis la voix sonore et plaintive du rapsode arabe.

Isabelle Eberhardt, «Le Meddah » », Yasmina.

Chez nous, le sable léger qui nous sépare du disparu ne paraît pas devoir opposer un obstacle infranchissable aux confidences que nous aimons à venir lui faire, apportant à son âme, comme nourriture, les nouvelles de la maison dans laquelle il passa son existence. Les morts ne sont pour nous que des absents ; leur ombre se réjouit de la visite des vivants…

Etienne Dinet et Slimane ben Ibrahim. Tableaux de la vie arabe.

Etienne Dinet


Le conteur arabe porte le nom de kherraf ou de fedaoui. Il joue un grand rôle dans les cafés et dans les tribus…. Quand il a commencé son histoire, gardez-vous bien de laisser poindre le moindre signe de distraction, il s’arrêterait tout court et ne continuerait que si vous lui prouviez que vous n’avez pas perdu un seul mot de ce qu’il a dit… On est étonné de voir un homme qui, d’ordinaire, ne sait ni lire ni écrire, parler avec une facilité admirable et parler des heures entières sans se reprendre une seule fois. Grâce à sa féconde imagination,

Georges Clairin

il mesurera son conte ou son histoire au temps que vous pouvez lui accorder ; il vous racontera au besoin plusieurs fois la même chose sans devenir monotone, parce qu’il saura improviser de nouvelles situations et inventer d’autres détails.
Le kherraf, soit pour varier les plaisirs de ses auditeurs, soit pour se reposer, alterne toujours avec le trouvère – meddah.

le général Eugène Daumas. La vie arabe et la société musulmane.


Otto Pilny

Le soleil avait disparu derrière les dunes, et les derniers rayons roses du jour glissaient au ras du sol, entre les buissons aux feuilles pointues et les jujubiers. Les touffes du drinn semblaient d’or, dans la grande luer rouge du soir. Sélem, l’aîné des deux frères, s’écarta de notre groupe et, étendant son burnous sur le sable, il commença à prier, grave et comme grandi.

Isabelle Eberhardt. « Dans la dune », Yasmina.

Etienne Dinet

Un récitatif sur une note élevée dit par l’iman, entrecoupé de reprises générales par tous les fidèles et semé de longs silences, de méditations et de prosternations à n’en plus finir ; à la fin de chaque psaume, ou verset, toute l’assistance, qui est tantôt debout, tantôt assise à l’orientale, se jette la face contre terre et Je vous prie de croire, à l'expression de ma considération la meilleure en silence, puis se relève en entonnant tout entière un autre verset. Cette psalmodie grave, cette dévotion et cette conviction de tout le peuple, à un point que nous ne sauriez imaginer, ce beau et noble costume, varié d’ailleurs comme couleurs et comme tons, cette lumière douce des veilleuses des lampes, forment l’ensemble le plus impressionnant et le plus majestueux qui se puisse voir.

Hubert Lyautey. Cité par André Le Révérend, Un Lyautey inconnu.

Otto Pilny

Dominant tout bruit, une voix d’homme s’élève, vibrante. Elle module, ainsi qu’un chant, l’appel à la prière, quatre fois répété aux échos, et dont les terminaisons meurent en notes longues et sonores. Le rassemblement s’accomplit. Aux hommes du douar viennent se joindre ceux de la caravane. Tous se prosternent, la paume des mains tournée vers la poitrine, le regard tourné dans la direction du tombeau de Mahomet. Allah ah Kbri (Dieu est grand !) prononce à haute voix un thaleb en commençant la prière du soir. Allah ah Kbir ! répète l’assistance. Le pieux murmure, que nul temple n’emprisonne, répand son harmonie dans l’infini de l’univers.

Gustave Guillaumet. Tableaux algériens.



Les prières qui lui sont adressées par ses fidèles éparpillés dans le Sahara ou réunis devant leur tente de laine lui parviennent aussi sûrement que celles des fidèles réunis dans la plus somptueuse des mosquées. La voix pénétrante du muezzin accompagne le soleil à chaque moment de son voyage au-dessus de l’horizon ; à son lever, à son passage au zénith, à son coucher, et après sa disparition.

Etienne Dinet et Slimane ben Ibrahim. Tableaux de la vie arabe.

 

 

Otto Pilny

Edouard Verschaffelt

Eugéne Girardet


Etienne Dinet

 

Etienne Dinet

 

Etienne Dinet


Edouard Verschaffelt

 

Etienne Dinet


 

 

J’ai vécu les impressions les plus sublimes de toute mon existence. Rien dans le monde, ni dans le présent, ni dans le passé, ne peut donner une idée de ce que nous avons vu comme foi Monothéiste, comme égalité et comme fraternité entre 250.000 êtres humains de toutes les races, pressés les uns contre les autres dans le plus effroyable des déserts.

Etienne Dinet, pendant son retour du pèlerinage à La Mecque. Cité par Jeanne Dinet-Rollince. La vie de E. Dinet.

 

 

Etienne Dinet